En novembre 1992, photographe professionnel depuis une douzaine d'années, j'ai commencé un ensemble appelé "dimanches" afin de retrouver l'intensité émotionnelle de la prise de vue de mes premières photographies alors que je n'étais qu'un jeune amateur.
Quitter la fonction - le métier, les contraintes du photographe professionnel de la semaine et retrouver la passion première de l'amateur, celui qui aime. M'affirmer comme support sensible là où il n'y a pas de mot, sans volonté d'histoire, dans une urgence de perte de contrôle et d'adhésion au temps présent. Echapper à la chronométrie et trouver le temps du passage du ravissement à la sublimation. Aller "dans" et "vers" la photographie, de l'émotif au motif.
Les "dimanches" sont une commande fixée à moi-même, il s'agit encore et toujours de réaliser chaque dimanche au moins une photographie (en semaine aussi mais sans obligation) sur un thème libre non prémédité. Constituer un ensemble sur la vacance, la récurrence, "le temps mort" comme une expérience spirituelle, pour la conquête d'un temps long, un temps durable dans la création d'un espace et d'un présent.
Sans tentative de narration documentaire, face à l'obsolescence progammée des images, installer le temps particulier du tableau, passer de la friction au réel à la fiction. Les photographies seront toujours assemblées de manière chronologique. Editées ou exposées, elles constituent, des extraits ou fragments de cet ensemble appelé : "dimanches".